par Nassera Metmati

Lawless est un western qui, si il n’aurait pas été encadré dans un espace qu’est l’insurrection américaine des années 30, serait une histoire intemporelle. Moderne, ancien ; cette histoire véridique de trois frères et trafiquants notoires d’alcool et de contrebandes de Virginie, les Bondurant, est un traitement sans faille et incisif des idéaux rouillés de la virginité de ces populations. Reproduction des ravages et du grand banditisme d’Al Capone à Chicago que l’on a pu voir chez Michael Mann, le village de Franklin est loin du rêve américain auquel penserait le président Franklin Roosevelt. Hasard ou pas. La reproduction d’un système est la même. Les vilains ne sont pas qu’en ville. Les gentils américains pas qu’à la campagne. L’Homme use tous les codes qu’il a appris.

John Hillcoat contamine toute la société américaine. Violence gratuite. Revanche. La guerre s’exporte en petite communauté, en guerre de clans, en éclatement moyenâgeux. Le goût du sang du cinéaste – comme chez Audiard – révèle une explosion de la timidité du traitement de ses personnages aux aspérités paisibles. Guy Pearce (Charley Rakes) est une image très stéréotypé dans le rôle de l’agent en chasse contre les Bondurant. Guy Pearce est impitoyable. Franklin à l’heure du blitzkrieg sauvage. Les personnages de genre conservent cette âme en s’adaptant à leur environnement extérieur. Le western moderne aura-t-il contaminé la population du village Cannois….?

Merci à Serge Toubiana pour la photo