Woody, Cannes et la Grande Comédie
Rires, enfin, de pure comédie hier soir au Palais des Festivals. Du vrai Woody Allen, mieux encore que le précédent Vicky Cristina Barcelona dans sa façon de reprendre ce qu’il fut jadis: son jaillissement d’une écriture burlesque, ses dialogues sans anicroches qui font mouche, ce parolier comique qui en fait cracher long en fouillant les pensées de ses personnages. Comme à la belle époque. Pour être honnête, d’aucuns ne s’attendait à une telle fantaisie de liberté dans ses choix de conduire exactement là où il le souhaite ses têtes affreusement typées aussi loin dans l’exploration de leurs défauts, de leurs utopies. Tout cela pour glisser le mot au mot politique perdu dans une conversation, parler de démocrates et de communistes comme d’affreux jojo intégristes. Qu’il est malin Woody Allen. Ce rêve vécu et avorté at Midnight du reste est simple comme bonjour dans sa lecture; « dans la difficulté d’accepter un présent, nous cherchons éperdument à nous projeter dans ces dimensions perdues, passés, que notre génération maudite cherche à reproduire ». Woody Allen perce donc une fois de plus les affres de notre modernité. Les années 20, la belle époque…et Paris, la ville des artistes, des musiciens, des folles soirées. Des images de Picasso à Hemingway, plus loin de Toulouse Lautrec et du peintre Gaugin qui vantent ou reproduisent les schémas cassés de leur propre environnement. Paris ne serait donc qu’un « terrain désherbé », expression employé qui renvoie à un Versailles
dépouillé de son histoire au regard de ces étrangers, pour exprimer l’avis d’un auteur, ou de ses auteurs qui ont fait de Paris ce qu’elle est aux yeux du monde. Et, voyez, les rues sont vides, les terrasses désertées; Paris n’existe plus à aucune époque. Il ne reste que ses chimères, comme son héros, qui choisit de ressembler à son idéal. Dis Woody, son idéal est-il le tien?