par Nassera Metmati

William Monahan fait jouer des coquecigrues sur le macadam londonien. Bestioles issues de tous les milieux, riches bons et méchants, elles nourrissent un produit cinématographique billevesée.

La séduction de l’entrée fonctionne à merveille par ce sous-titre apposé à son nom de grand polar américain « par le scénariste des Infiltrés », et qui bonus se par un mot surannée, obligé de faire frémir les spectateurs. ‘Boulevard’ est adéquat dans le cheminement intellectuel du cinéaste William Monahan. Tout le monde n’est pas et personne n’est un Martin Scorcese adoubé d’un Brian de Palma. La crème capable de porter une intrigue policière, un suspense retenu d’une action symbolique en un vacillement de regard 360, une passe, qui chargerait de ses propres tripes file à l’anglaise. Malheureusement. Au coup de revolver cinglant, à ces discussions musclées des expressions de la virilité ne résonne que le vide d’un Boulevard trop calme, trop lisse pour que nous puissions porter le fardeau – positif – d’une histoire qui se complote derrière notre dos. C’est comme si le réalisateur ne cessait à tout bout de champ de scratcher l’allumette pour n’obtenir qu’une flamme vive sans laisser le temps à celle-ci de se consumer lentement jusqu’à sa ce qu’elle sert plus, sonne une fin tangible. De séquences audacieuses auréolées de sons endiablés tels que nous les vivons fréquemment dans Les Infiltrés de Scorcese juste avant de passer à l’étape supérieure du propos filmique, se ternissent presque violemment, par un manque de vision jusqu’au-boutiste du scénario. Les emprunts fonctionnent que s’ils ne servent qu’à améliorer une piste de cinéma et la pousser dans ses retranchements. Colin Farrell (Mitchell), ex-malfrat, se défend habilement, et avec ce qu’il peut. Il tente, à lui tout seul, d’endosser le rôle de celui qui fera que la mécanique rouillée du cinéaste puisse saisir une subtilité qui le fasse avancer. Lorsque Mitchell invité par son patron parrain puissant de la pègre à l’orchestration d’un meurtre d’un homme soupçonné de l’avoir frappé, le MacGuffin tant attendu tombe à l’eau. L’incartade entre l’employé intelligent et le chef tyrannique – reconstitution en préfabriqué de Gene Hackman – soupçonne d’une évolution. Que Nenni. Oublions dès lors les seconds plans tels que Keira Knightley (Charlotte) une star du cinéma qui a subi un grave traumatisme, mais qui ne réussit pas à se défaire de son mage double, actrice et célébrité du septième art. Le reste est tellement sans appétence qu’il n’est nulle envie et matière à sortir d’une brillante idée qui aurait pu expulser l’objet de sa forme trop embryonnaire. Dans sa dernière survenance, nous entrevoyons alors le coup fatal porté au dos de son héros l’ombre d’un certain Carlito, reflet d’un passé glorieux. La même cuisine: je tue un homme, je suis un gangster. Pan pan ; l’auteur de la contine doit continuer à fignoler ses compositions abruptes. Le Criminel de genre est la prochaine ode dans un autre temps.

Fiche Technique Réalisé par William Monahan Avec Colin Farell, Keira Knightley Long métrage : Américain & britannique Genre: Thriller Durée: 1H42 Année de production : 2010 Distribué par Metropolitan FilmExport