par Nassera Metmati

Troisième et ultime partie de notre entretien où Vincent-Paul Boncour revient sur son parcours, sa passion, les Mac Mahoniens, ses fiertés d’éditeur et annonce quelques beaux titres à venir pour l’année 2009.

LE DÉCLIC, LA PASSION, LE MAC-MAHON

NM : Vous êtes un passionné. Comment vous est venue l’idée de Carlotta ?

VPB : Naturellement. La passion a primé : être cinéphile depuis le plus jeune âge, vouloir travailler dans le milieu du cinéma sans savoir ce qu’était la distribution. Aussi l’envie de montrer, de faire découvrir des œuvres à un public.

FM : Toujours ce rôle de passeur !

Etudiant, j’organisais des séances de ciné-club autour d’un film avec des débats. Cela n’a peut être rien d’original mais, finalement, nous voulions distribuer, éditer les films en dvd, les faire découvrir.

NM : Mais qu’elle a été votre déclic? Celui qui vous a fait passer du rôle de transmetteur d’une passion à la création d’un véritable structure ?

Le déclic…je ne sais pas exactement, mais à un moment, nous faisons des études, nous entrons dans la vie active. J’ai eu la chance d’avoir ma première expérience professionnelle au cinéma Mac-Mahon à Paris et travailler un an et demi aux côtés du directeur de la salle, sur un lieu phare de la cinéphilie. J’ai organisé la programmation, les rencontres, les débats, les animations, relancer la distribution à l’époque en ressortant les grands films qui caractérisaient la salle : les comédies musicales des années 50…

FM : C’est la salle des « Mac-Mahoniens » ?

Oui, les « Mac-Mahoniens », des passionnés de la mise en scène qui avaient établi leur fameux « carré d’as » de cinéastes : Walsh, Preminger, Losey et Lang. C est une salle qui est toujours en activité, fortement ancrée dans la cinéphilie américaine.
J’ai toujours eu la volonté de créer une structure, d’être mon propre patron. Cela me semblait une évidence, tout autant que de faire un travail sur le patrimoine, de manière différente, complémentaire par rapport à ce qui existait sur le marché, notamment sur les années 70 /80.
Finalement, nous sous sommes lancés dans l’aventure avec le premier film, La Mort aux Trousses d’Hitchcock. De ce film dépendait la suite de la société, nous y sommes arrivés, puis ensuite nous avons évolué sur le DVD.

LE DVD, LA PORTE DU PARADIS, LEO THE LAST, LA VOD

NM : En 2002 le virage DVD.

Quatre ans après oui. Le DVD a permis d’envisager le patrimoine différemment aux yeux des professionnels, de la presse, du public et de dynamiser la cinéphilie. En parallèle, nous continuions notre travail en salles pour créer la passerelle entre les différents médias. Puis il y a eu les 10 ans. Nous continuions de manière logique tout le travail que nous avons initié depuis des années.

FM : Il ya deux, trois films sortis en salle que nous regrettons de ne pas avoir en DVD.

J’en connais déjà un, La Portes du Paradis (Rires).C’est celui qui revient constamment. Il existe en DVD mais dans une affreuse édition.

FM : L’édition est horrible !

En plus, c’est seulement la version courte qui est sortie en DVD. La France est le seul pays ou la version longue a pu sortir en salles. Nous aimerions beaucoup la proposer en DVD.

FM : L’autre film auquel je pense est Leo the Last de John Boorman.

Ah oui ?

FM : C’est un fantasme, je ne l’ai jamais vu…

Je ne sais pas s‘il existe en DVD., Il reste moins attendu que La Portes du Paradis (rires).

NM : Avec tous ces supports dématérialisés, la VOD…etc. Vous est-il venu à l’idée d’envisager, à moyen ou long terme, une plate-forme sur Internet dédiées aux films de patrimoine ?

Oui. Je pense que tout peut coexister, que la VOD va se développer mais ne va pas d’un seul coup faire disparaître le DVD et le Bu-Ray. Il ya un rapport très fort de l’objet à lui-même, par exemple, lorsque nous sommes sur un coffret d’Ozu ou de Sirk. Il est vrai qu’il n’y a pas aujourd’hui de plate-forme pour le patrimoine, qui soit un vrai relais de l’édition DVD.

NM : Quelque chose qui viendrait s’ajouter à la chaîne distribution et édition…

Oui. Nous pouvons très bien montrer un bonus de Douglas Sirk sur la plate-forme et donner envie d’acheter le DVD. Nous sommes sur un marché de niche, sur des investissements lourds. Il faut créer une vraie structure pour la gérer. Pour l’instant, nous nous concentrons sur notre cœur de métier. Nous avons la chance en France d’avoir un réseau de salle Art et Essai qui accueille le patrimoine, malheureusement une telle structure n’existe pas sur la VOD. Si c’est juste avoir un catalogue sur une plate-forme, comme Virgin Mega, nous sommes noyés, nous n’existons pas. Notre souhait est d’amener le public, mais il faut disposer d’un vrai relais.

SURPRISES 2009…