par Nassera Metmati

Quoi de plus fanfaronnant d’évoquer la paire comique la plus drôle de tous les temps pour afficher un premier rire de nouvelle année. Génial créateur du duo Stanley Laurel et « Babe » Hardy, comme il l’aimait à le surnommer, qu’il signa de bout en bout dans Putting Pants on Philip le réalisateur américain oublié des archives poussiéreuses du cinéma, est un des grands inventeurs d’un premier demi-siècle cinématographique dans le registre de la comédie et monstre de talent dans le mélodrame qui fit ses plus grand succès tels que la Brune Brulante en 1958, Cette sacrée Vérité en 1957 et la Route Semée d’étoiles plus tôt en 1954 qui lui vaut trois oscars à lui tout seuls : meilleur réalisateur, meilleur film, meilleur histoire originale.

Cinéaste engagé, fervent, Leo Mc Carey s’illustre, surtout à compter de 1935, parmi l’un des cinéastes les plus prolifiques de sa génération. Bien que occulté par Franck Capra, mieux considéré comme le suggérerait l’historien Bernard Eisenschitz dans l’appréhension plus sage de ses idées politiques et sociales, qui apparaîtront inédites, politically incorrect, le réalisateur acculé pour cause de maccarthysme, anticommuniste, très croyant en fin de carrière, sait user de cette ambivalence, aussi dans une forme de mélange entre satyre féroce et amour profond qui se retrouve absolument dans l’ensemble de ses productions.

Il aura fallu à Leo Mc Carey qu’il vagabonde au sein de trois illustres studios d’Hollywood de la Universal, de la Paramount, et de Columbia avant de s’affranchir des emprises de son temps avec son propre studio la Rainbow Productions, qu’il revendra à son deuxième employeur pour s’arroger les louanges des ses illustres pères parmi lesquels Ersnt Lubitsch, avec lequel il dirigera les plus grands acteurs tels que Kay Francis, Charley Chase, acteurs de la grande comédie. Avec les Marx Brothers dans son tableau d’acteurs, Cary Grant en star, il n’en faut pas plus pour que Resnais, Tavernier, Eustache, Renoir pour reconnaitre son apport au cinéma. Jean Renoir disait « Il a réussi au milieu des engrenages de cette machine, à sortir des produits qui lui sont absolument personnels. Un film de Mc Carey est absolument reconnaissable (…) dans une espèce d’esprit qu’il donne à ses personnages et à ses situations. Je crois que c’est un vrai grand metteur en scène.»

Le fabuliste metteur en scène qu’il est s’inspire des grands : Hitchcock, ami et inspirateur, est une source récurrente de solutions dans les mises en scènes du cinéaste. S’il fallait porter un trait à Leo Mc Carey, il s’édicterait à ses propres paroles magnifiques de ce que à quoi sert et servira invariablement le septième art : « J’aime qu’on rie, j’aime qu’on pleure, j’aime que l’histoire raconte quelque chose et je veux que le public à la sortie de la salle de projection se sente plus heureux qu’il ne l’était auparavant ». Nous espérons que les éditeurs travailleront à faire ressortir les originaux des créations quasi-inexistantes de ce subtil cinéaste.

Chers lecteurs, Bonne année à toutes et à tous!