Classique rentrée à Venise
L’air d’un carnaval, derrière les masques sophistiqués, bariolés de fanfreluches, la Mostra orchestre un défilé sur un tapis rouge flamboyant d’un parterre de fidèles poupées vernies à la recherche d’un prince, de beaux hidalgos à la recherche de leurs princesses, de statuts glorieuses, adorées, venues de toute la planète festoyer autour d’un art à jamais irréel, art du cœur, art au cœur, art de la déraison, d’une cité aux brumes moites, grisantes, irréelles, auréolé d’un parfum ensorcelant de roses mystères, d’images cachés, d’identités secrètes. Imaginez alors la rentrée aux couleurs arrosées d’un sobre étranger qui porte le titre de « tousmescinemas ». Le temps de deux nuitées, dans les costumes d’un chaperon rouge à la recherche d’hôtes bienveillants, avant que la belle n’accueille d’autres visiteurs curieux vêtus aussi de rouges dans leur 68ème célébration, tousmescinemas a donc découvert des honnêtes gens, et par hasard, un auteur, un local, du nom de Guido Lombardi, qui a signé de sa plume
Là-Bas, un précurseur apparemment très aimé de son pays, et dont l’œuvre mérite et attend de s’inscrire dans les papiers des affiches des salles de Venise. De son voyage, de son périple transalpin, tousmescinemas retient Orizzonti, sorte de parade similaire à un certain regard du royaume de France, et un titre, Verano d’un espagnol José Luis Torres Leiva, figurant au programme des festivités de la sérénissime. L’homme est auteur ; il privilégie la réflexion par l’image, le sens, l’intuition, a contemplation…José Luis Torres Leiva a précédemment écrit « El cielo, la tierra, la lluvia » et « El tiempo que se queda ». Dans cette fantasmagorie vive, l’ultime, Faust, l’immense opéra maléfique mis en scène par un invité du bal vénitien, le comte Alexander Sokourov, attise les convoitises des maîtres de la ville, qui décide de le parer d’or. La belle Russie oriente, orientalise la Mostra à ses airs de faux mondes annexés par des hordes occidentales fadesques, d’un univers atemporel où règne la magie. Pas loin de l’empire, l’impératrice chinoise Deannie Yip, convoitise des attablés de la table ronde buvant des coupes Volpi à déraison. Déraison. Tousmescinemas inscrit le mot d’une plume dans sa lettre. Charles Gounod aurait aimé que le lyrisme du XVIe siècle l’emporte à la sobriété du XXI siècle.