par Nassera Metmati

Tout est à revoir dans la filmographie de Pedro Almodovar. Loin de signer des pellicules que l’on croirait à force d’illusion, compacte, ou inscrite dans une linéarité de cinéaste qualifié abusivement d’auteur, le réalisateur décolle de ces récits à mille interprétations pour se frotter à d’autres moyens de penser une histoire, des sons, des images, de l’art, des couleurs, ainsi que de ses véritables inspirateurs ; les personnages.

En fait, le cinéma d’Almodovar est assez simple à élucider ; au-delà de la mise en abyme de ces héros portés à l’écran (Atame), des idées sur les sujets femmes (Volver), du transformisme (La Mauvaise Education), des inavouables secrets de familles (Etreintes brisées), du sens du bigarré exprimé à l’intérieur d’un classicisme qui imprègne toute le peuple des grands réalisateurs – sus au cinéma américain des années 50 – Almodovar focalise un espoir de cinéma dans un savant bric à brac de matériaux artistiques rondement agencés qui ne servent que ses acteurs, ses caractères, ses matières.

L’hybridation permanente du cinéma d’Almodovar n’est pas empêtrée dans les adjonctions de thèmes, dans une récurrence obsessionnelle de plans, mais dans celle d’un narrateur qui se consacre à la réalisation fantasmé de ses êtres à qui l’infini palette des jeux nous entourloupe, à chaque fois, vers des scenarii mutants – d’où le choix logique d’acteurs qui contribuent à renouveler des sentiments d’à-priori superficiels.

La famille Almodovar converge dans ce projet qui emporte haut la main la sympathie, l’égard voir l’admiration qu’il reste à attendre d’un tel cinéaste.