par Nassera Metmati

Le cinéma agrégera-t-il toute forme d’art : théâtre, danse et opéra ? Le cinéma détient la capacité à formater, détourner, bon ou mauvais, les formes d’expression artistiques pour les coller sur les veilles bandes inadaptées ou capter les images et les sons sans recréer une forme d’art qui aurait pu conduire à une nouvelle étape pour le septième art, que l’on dit en panne. La 3D deviendrait obsolète. Le cinéma superpose artificiellement les arts.

Viva Opéra propose une sélection des grandes œuvres au cinéma. Voyez Le Don Giovanni en 2011, Les Contes Hoffmann un an plus tard, puis la Walkyrie repris l’an prochain, déjà dans la programmatique des distributeurs. En fait, elle est récurrente depuis un siècle, la tendance est de faire sortir l’opéra de sa bonbonnière. La tendance est de modifier le rapport à une forme d’expression élitiste et peu accessible. Le cinéma s’improvise agrégateur de culture classique, peu couteux pour nos chers industriels dans un contexte difficile, où pour faire concurrence au lieu d’expression impopulaire. Le cinéma abuse t-il ?

Le cinéma s’est emparé tôt de l’opéra ; l’on s’amusait à filmer Faust et Carmen, les arrangements musicaux sont exécutés pendant la projection. L’ère du parlant ouvre le chemin à l’opérette, aux succès lyriques. Ainsi, Louise de Gustave Charpentier, est source de création chez Abel Gance en 1938 d’une source remaniée et condensée sur le plan dramatique au motif qu’il n’y avait pas, dans l’original, assez d’action pour le cinéma. Le mariage et le divorce annoncé est fructueux. Les deux arts se contredisent, empruntent bon gré mal gré quelque élément indissociable de chaque esprit d »art.

Le cinéma s’efface ; le propre du cinéma est d’imaginer un objet à partir du réel ou en créant une fiction. Le cinéma n’est pas réel. L’opéra existe avant le cinéma, il est en prise direct avec la populace. L’opéra est formellement populaire. Or, le cinéma amplifie les sons, fait monter une adrénaline trafiquée, incite aux trucages. Le cinéma ne se crée pas en deux heures. Le cinéma est une structure, une technique en vérité.  Le cinéma est un confort de l’ersatz face à l’opéra qui subit les aléas du vrai.